Il convient, semble-t-il,de lever une certaine confusion dans les esprit ceux qui ne connaissent pas la région minière ; d'aucuns pensent en effet que cette catastrophe s'est produite sur le territoire de la ville de Courrières alors qu'il n'y avait plus de fosse en exploitation à Courrières en 1906 et qu'aucun de ses habitants n'a trouvé
la mort dans la catastrophe.
Comment expliquer cette confusion. Des le début du XVlllème siècle, les industriels lillois, menacés par une pénurie de bois, font procéder à des recherches de « charbon de terre » qui fait la prospérité de leurs voisins belges. C'est ainsi que de la houille est découverte à 150 mètres de
profondeur environ à la suite d'un sondage effectué à Courrières en avril 1849.
Sur une demande formulée le 9 mars 1850, LOUIS NAPOLÉON, Président de la République Française, par décret en date du 5 août 1852, « fait concession » aux personnalités associées dans la découverte du charbon à Courrières « des mines de houille comprises dans les limites ci-après
définies, communes de Carvin, Oignies, Courrières, Hénin-Liétard, Rouvroy,
Méricourt, Billy-Montigny, Montigny, Harnes, Salau, Avion, Loison, Dourges, Noyelles-sous-Lens, Fouquières-lez-Lens, Annay, Estevelles (Pas-de-Calais) ». A l'effet d'exploiter les richesses du sous-sol est créée la Compagnie des Mines de Houille de Courrières.
Première de la concession à être ouverte, la fosse 1 de Courrières est mise en exploitation en 1851. Jugée non rentable, elle est arrêtée en 1888. Quant aux fosses 2 de Billy-Montigny, 3 de Méricourt et 4 de Sallaumines, mises en exploitation successivement en 1856, 1860 et 1867, elles ont produit chacune plus de 173 000 tonnes de charbon cette année-là.
Au moment de la catastrophe dite de Courrieres, les fosses qui étaient initialement autonomes sont reliées entre elles par des galeries. Cinq fosses sont concernées : les fosses 2 et 10 de Billy-Montigny, la fosse 3 de Méricourt, les fosses 4 et 11 de Sallaumines. L'exploitation d'une mine de charbon étant avant tout conditionnée par l'aérage qui nécessite l'existence de deux puits communiquant entre eux, comment se présentent ces fosses en 1906 ? L'air entre par les puits 10 et 11 et sort par les puits 2 et 4. Quant au puits de la fosse 3, deux cloisons le divisent en trois compartiments : le compartiment central, le plus important, sert à l'extraction et à l'entrée de l'air : l'un des compartiments latéraux, appelé goyot, est utilisé pour la sortie de l'air aspiré par un ventilateur, tandis que l'autre est muni d'échelles pour la circulation du personnel. Autre caractéristique de l'aérage au 3, l'air qui entre par ce puits est envoyé dans trois directions : vers les puits 2 et 4, et dans un quartier au sud de la fosse 3 ; seul l'air dirigé dans ce quartier remonte